mardi 23 décembre 2014

La malédiction gitane

Il est 7h et le sommeil me fuit, comment se fait-ce ? Est-ce lié à un changement lunaire, ou bien la gravité essaye de me communiquer quelque chose... je crois avoir entendu quelque chose craquer vers 2h du matin.

 Je vais vous raconter une anecdote croustillante: Je crois que je subis une malédiction. Je ne saurais vous dire pourquoi, mais je le sens au fond de moi, ce n'est pas un hasard si il pleut quand j'oublie mon parapluie, que je rate le bus alors qu'il est pas loin ou que j'arrive pas à rentrer dans une room alors que c'est indiqué "9/10".

Tout remonte à l'été 2013. Je résidais chez ma grand-mère dans une petite ville proche de Montpellier: été indien, petit job à la mairie, après-midi à la plage. Mais un jour, un événement vint perturber mon petit train-train estival.

À l'orée de cette paisible bourgade, vivait un peuple fascinant: les gitans. Ces êtres facétieux, voyageurs endurcis qui vont et viennent, s'installent régulièrement à proximité de la ville et vivent en communauté dans des camps illégaux, refusant de s'assimiler avec la société sauf pour aller faire les courses à Auchan dès fois. Le reste du temps, ils subviennent à leurs besoins en pêchant, chassant à l'aide de flèches ou en commettant des actes de brigandages plus ou moins importants, allant du vol de cuivre au cambriolage de retraités.


Au menu ce soir, hérisson séché sur son lit de jonquilles du parc municipal 



C'était une après-midi de juillet, alors que je finissais ma compote abricot-pêche devant un épisode de Louis la Brocante, la sonnette retentit. Une charmante tsigane vêtue d'une jolie robe sévillane se présentait au portillon, et me demandait de lui indiquer le chemin pour aller à Auchan. J'en fus tout émoustillé car c'était la première fois qu'une fille m'adressais la parole depuis au moins 3 ans (à part mamie), et étonné car bon c'était à côté il me semblait que les autochtones avaient installé leurs roulottes non-loin de ce lieu de rendez-vous du prolétariat (les sales PAUVRES). Je retournais à mes occupations et quelques minutes plus tard, une drôle d'agitation au dehors attira mon attention. Je me postai à la fenêtre et aperçu au loin une vieille automobile délabrée ainsi que 3 ou 4 indigènes femelles dont 2 enfants qui semblaient s'activer tout en scrutant les alentours, comme si elles vérifiaient qu'on ne les aurait pas vu. Il y avait également la jeune fille qui venait de me parler. Je ne m'alarmais pas outre-mesure mais dans le doute, je le signalais tout de même à mère-grand avant d'enfourcher mon vélo pour me rendre sur une de nos belles plages méditerranéenne, afin de dorer ma peau de bel éphèbe au corps svelte et athlétique.

Quelques heures plus tard, alors que je rentrais à toute allure fuyant les saletés de touristes envahisseurs, cheveux au vent, sautant le trottoir sans prendre d'élan en écoutant mon tube de l'été Carnon, je reçu un appel téléphonique. Mamie Gilberte m'exhortait de rentrer au plus vite car la police souhaitait m'interroger..."putain qu'est-ce que j'ai fait encore" me demandais-je. Peut-être fallait-il que j'arrête de me croire invincible devant mon écran d'ordinateur à traiter les gens de nazi à tout bout de champ. J'hésitais à jeter mon cellulaire portatif dans l'étang et prendre le premier vol pour la Corée du Nord, mais je me dis dans un sursaut d'orgueil qu'à triompher sans risque on péril sans gloire, ainsi je me décidais à me rendre au domicile familial.


"Sur nos jeu-pla trop de touristes, trop de flamands trop de nordistes"


Une fois arrivé, la maréchaussée m'attendait, fort heureusement l'officier m'annonça une bonne nouvelle: c'était la voisine d'en face qui venait de se faire cambrioler pendant son absence. Ni une ni deux, nous fîmes le lien avec les individus suspects repérés plus tôt dans la journée. Bien que je ne les ai pas vu agir, mon instinct de français pris le dessus; qu'auraient fait mes ancêtres à ma place ? J'affirmai au gendarme à l'accent rigolo que je les avais presque vu en flagrant délit et que c'était sûrement eux parce que de toute façon c'est toujours les mêmes. Aussi, je me sentais trahis: la douce gitane aux courbes envoûtantes qui, je croyais, m'avais demandé son chemin à MOI parce que je lui plaisais, n'avait en fait qu'exécuté une combine pour vérifier si il y avait quelqu'un dans la maison. Savoir qu'elle projetait de me cambrioler et ainsi mettre la main sur mon ordinateur avec toutes les photos bizarres d'enfants que je collectionnais me faisais froid dans le dos. Ces indigènes malicieux utilisaient une astuce plutôt bien pensée: ils envoyaient leurs progénitures, semblables à de petits farfadets très agiles, grimper les murs des propriétés pour ensuite dérober tous les bijoux et valeurs de retraités trop peu prudents. Finalement, les forces de l'ordre enregistrèrent ma déposition et s'en allèrent. En l'absence de preuve, il y avait de fortes chances que l'affaire reste sans suites.

Que nenni: 3 jours plus tard, je reçus un nouvel appel sur mon cellulaire portatif. Ces mêmes gendarmes venaient d'interpeller 3 individus gitans femelles au profil similaire à celui que je leur avais décrit. Elles tentaient un nouveau vol par effraction dans un des quartier alentour, et le véhicule trouvé à proximité était le même que j'avais aperçu 3 jours auparavant. Les gendarmes m'expliquèrent que je devais les accompagner pour procéder à l'identification des suspects, et me firent grimper dans leur voiture. Je me méfiais, peut-être était-ce un guet-apens, qu'ils avaient trouvé les cadavres que j'avais (mal) enterré au fond du jardin. Mais d'un autre côté, j'étais excité à l'idée d'aller identifier des délinquants issus de minorité ethnique, vous savez comme dans N.C.I.S avec les ardoises et la vitre teintée et tout, trop stylé je trouve.

Quelle ne fut pas ma déception lorsque je constatais qu'on ne m'emmenais pas au poste de gendarmerie, mais sur le lieu du cambriolage. Les 3 indigènes étaient alignées contre un mur et se faisaient sermonner par une gendarme remontée comme une pendule. Il y avait la jeune gitane dont j'étais tombé éperdument amoureux, une autre que je reconnaissais, et une plus vieille que je n'avais jamais vu. Je constatais aussi l'absence des petits lutins, peut-être avaient-ils réussis à s'enfuir à temps. Je descendis et me retrouvais face à face avec les 3 femmes, à quelques mètres de distance. Un gendarme s'approcha de moi et me demanda discrètement si je les reconnaissais, en se cachant la bouche avec la main comme les footballeurs quand ils préparent une combinaison sur coup-franc.


"La calandre de tes morts j'vais te poucave"

Petit schéma pour illustrer la situation


Habité d'un profond sentiment de vengeance, je n'hésitais pas une seule seconde et pointa du doigt les 3 individus: "oui alors OUI c'est elle et elle aussi YESSS". C'en était fini des malfaitrices. Les gendarmes allèrent se concerter et sûrement procéder à quelques vérifications techniques en attendant que des collègues arrivent pendant que moi je restais là, planté comme un piquet avec les 3 gitanes en face. Je vous raconte pas le malaise...

"Oui euh... voilà haha oui..."

Je savais pas où me mettre et elles me fixaient d'un air sauvage. Soudain, je me rendis compte que les lèvres de la plus âgée bougeaient. En analysant son accoutrement et ses pupilles qui ne renvoyaient aucun signe d'humanité, je comprenais qu'il s'agissait d'une sorcière gitane. Il était évident qu'elle était entrain de me lancer un sortilège, pour me rétrécir ou me transformer en scarabée. Aussitôt je me mis à paniquer, en me protégeant les yeux je me jetais sous la voiture pour échapper aux incantations de la vilaine. Les gendarmes essayèrent de me retirer en me tirant par les pieds mais je n'en démordais pas.

Aujourd'hui encore je sens son regard possédé me parcourir de long en large et en travers, ses "niakniokniakniuk" lointains, le poids d'une malédiction qui me poursuivra sur plusieurs générations. Du reste, je garde un sentiment de fierté d'avoir accompli mon devoir de citoyen, en plus j'avais pas mis la ceinture de sécurité dans la voiture des gendarmes mdr j'en ai rien à foutre moi #existencedangereuse